Planter un arbre
Voici une courte vidéo qui montre les étapes de la plantation d'un arbre. Plus de détails ci-dessous.
Préparation du sol
Pour une plantation réussie, le maître mot est l’anticipation. Plusieurs mois avant la plantation, à la fin de l’été, avant les premières pluies, il faut décompacter le sol sur 1 m², en allant le plus profond possible. Cette étape est généralement réalisée avec un outil attelé à une machine, comme une sous-soleuse. Comme tout le monde n’a pas accès à ce genre d’engin, on peut réaliser la décompaction à la mini-pelle, ou bien avec des outils à main, même s’il est difficile d’aller au-delà de 40 cm de profondeur. Utilisez par exemple un louchet, une bêche à longue lame, une fourche-bêche ou une grelinette. Le but est d’aérer la terre, surtout pas de la retourner ni de la mélanger. Sauf si votre sol est totalement déstructuré et sans vie, on évite le labour. La tarière est absolument proscrite, car elle compacte la terre autour du trou qu’elle forme.
On termine en affinant la surface du sol : on désherbe, puis on ameublit les 10 premiers centimètres. Si l’on commence avec un outil, il ne faut pas hésiter à finir d’émietter à la main, l’objectif étant d’obtenir une texture ‘’couscous’’ souple et homogène.
Amendement et couverture du sol
On peut maintenant apporter de la matière organique fraîche sur quelques centimètres : fumier frais, compost jeune, tonte d’herbe, voire directement des déchets végétaux de cuisine. Autant de matières qui vont relancer la vie du sol. Il est possible d’utiliser des matières en état de décomposition plus avancée, mais l’effet sera moins efficace. On les dépose en surface, sans enfouir ni mélanger.
Enfin, on termine notre couverture de sol avec des matières plus ligneuses et carbonées. La paille est particulièrement adaptée, tout comme les déchets de taille grossièrement coupés ou broyés. Il convient de mettre une quantité importante, au moins 15 cm.
Attendre
La préparation du sol est terminée. La vie du sol, en stase pendant la période estivale, se réveille avec les pluies d’automne. Les matières fraîches en surface nourrissent les plus gros insectes, comme les vers de terre, tandis que les plus petits organismes, comme les bactéries, dégradent les matières ligneuses en puisant dans le stock d’azote des matières fraîches ou dans celui de l’air. Tout ce petit monde forme des galeries, creuse des micro-trous, mélange les éléments organiques et minéraux. L’eau irrigue et abreuve la terre en profondeur, favorisée par l’émiettage de surface et le décompactage. L’évaporation est limitée par la couverture carbonée, qui offre gîte et couvert pour les champignons.
En fait, votre sol est en train d’être travaillé par ses habitants d’une manière plus efficace, plus intense et plus minutieuse que tout ce que l’on pourrait faire avec n’importe lequel de nos outils à main ou mécanisés, pendant que vous ne faites… rien !
La plantation
Le tout début de l'hiver est la période idéale pour planter les arbres caducs, tandis que l’automne ou le printemps conviennent pour les persistants. Dans tous les cas, le moment tant attendu est enfin arrivé : la plantation. Il est préférable de choisir une journée nuageuse et de planter sur un sol ressuyé.
Il convient de "parer" l’arbre en racines nues en coupant les racines cassées, tordues ou emmêlées. Pour un arbre en pot, on démêle les racines de la périphérie de la motte. Ensuite, on trempe le système racinaire dans un pralin artisanal. Pour la recette, il vous faut de la terre argileuse, de la bouse de vache, quelques poignées d’humus forestier ou de terreau prélevé au pied d’un vieil arbre, c'est le minimum. On ajoute de l’eau et on mélange pour obtenir une pâte homogène, épaisse et collante, de la consistance d'une pâte à gaufre.
Pour planter, il est préférable de ne pas faire un trou trop grand, afin de ne pas détruire le travail de la faune terrestre des derniers mois. D’abord, on retire le paillage pour retrouver la surface du sol. Puis, on creuse un trou de la taille du système racinaire de l’arbre, sans excéder la largeur nécessaire. Il faut veiller à mettre la terre de surface d’un côté et la terre plus profonde, plus minérale, de l’autre. On peut commencer à creuser à la pelle, mais il est préférable de finir à la main pour éviter de tasser les côtés du trou. Ensuite, on dispose l’arbre en orientant les racines vers les parois du trou et on place le tuteur du côté du vent dominant. Le point de greffe doit également être orienté vers le vent dominant.
On comble le trou avec la terre profonde, puis la terre de surface en émiettant bien et en veillant à ne pas laisser de poches d’air. On tasse délicatement à la main, sans forcer, puis on recouvre avec le paillage mis de côté.
On peut alors rééquilibrer la partie aérienne avec la partie racinaire en taillant 1/3 des branches de l'arbre si l'on souhaite donner de la vigueur à la pousse de printemps. Notez qu'il n'est pas nécessaire de tailler autant que dans la vidéo. Seul le pommier préfère ne pas recevoir cette taille d'équilibrage.
Et là, surtout, on ne doit pas arroser ! Eh oui ! Si les étapes précédentes ont été scrupuleusement respectées, le sol est désormais suffisamment riche en eau et en nutriments pour être absorbé par l’arbre tout juste planté. Un arrosage massif, de quelques litres ou dizaines de litres d'un coup, serait un véritable lessivage. Donc, pas d’arrosage ! Planter avant une pluie est une excellente idée !
Suivi
La première année, il est recommandé d’arroser à raison de 20 L par semaine pendant la saison estivale, voire davantage dans le Var ou en climat méditerranéen. Pour un bon enracinement, les racines ont besoin de trouver de l'eau en profondeur. Il est donc vivement conseillé de faire un arrosage hebdomadaire conséquent plutôt que de répartir de petits arrosages plusieurs fois par semaine.